Ce matin, mon promeneur attitré a été victime d'un gag que j'hésite à vous narrer. Sous ses dehors "bon enfant", il est un peu susceptible et tout à fait capable de se foutre en rogne pour un rien.
Mais tant pis, je m'y risque quand même, je ne voudrais pas que vous manquiez ça. De toute façon, il ne me privera pas de grande sortie au domaine, on n'y va déjà pas à cause du vent glacé qui balaie le paysage.
Donc, ce matin (oui je l'ai déjà dit, mais vous devez mériter ma petite histoire), en remontant la rue du Knijf, je m'accroupis sur une rosace de pissenlit (taraxacum rudelaria) pour l'orner d'un bronze tout chaud et même fumant, eu égard à la température locale.
Par mimétisme sans doute, mon accompagnateur lui aussi s'accroupit (en réalité, depuis son aventure en L3-L4, on lui a conseillé de plier les genoux plutôt que le dos) extrait du dérouleur ad hoc un sacacaca d'un discret vert pomme et cueille d'une main experte l'œuvre d'art précitée, retourne les bords du sac, en fait une torsade et termine par un nœud bien serré.
Conscient que mes efforts valent bien une récompense, je lui fais le coup du chien qui a besoin d'un petit réconfortant et il plonge sa main dans la poche qui contient le sacabonbons. Dans la poche, ça va, mais dans le sac, son gant de soie (en provenance directe des soldes chez Décathlon) l'empêche de puiser facilement dans le sac plastique un peu fripé par un usage intensif. Il enlève donc son gant gauche, transférant celui-ci dans la main droite qui enserre déjà le sacacaca et la poignée de la laisse. Il puise une friandise et me la donne puis remet son gant et on redémarre... sauf que dans la manœuvre, le sac vert a glissé le long du gant de soie et a atterri silencieusement sur le trottoir. C'est le bruit de l'explosion du sac quand il a posé le pied dessus qui a éveillé son attention et ses récriminations tandis qu'il reramassait mon chef d'œuvre avec un autre sacacaca :
"Rontudjû ! Je me doutais bien que la fin de mon existence ne serait sans doute pas très plaisante, mais que je finirais en ramasseur de merde de clebs, j'y avais pas vraiment pensé... Vie de merde, va !"
Moi, dans ces cas-là, je fais celui qui n'est au courant de rien et je tire un bon coup sur ma laisse, question de ne pas continuer à se les geler alors qu'il fait bien chaud à la maison.